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Vivre dans l'archipel des
Tuamotu
Un peu d'histoire
Il est généralement admis que les îles des Tuamotu
ont été peuplées tardivement vers l'an 1000. Cette
date tardive s'explique par l'isolement de l'archipel. A la différence
des îles hautes de la Société, les Tuamotu ont toujours
eu une très mauvaise réputation pour les premiers explorateurs,
du fait de l'absence de mouillage sûr, de la dangerosité de
navigation avec des atolls et récifs bas sur l'eau, de la quasi
absence de ressource de ravitaillement, sans compter l'hostilité
des autochtones. Il a fallu attendre le XIX siècle pour que
les premiers occidentaux s'intéressent vraiment aux Tuamotu. Ce
fut d'abord les missionnaires qui mirent en place une présence permanente,
les catholiques et les différentes églises réformées
se livrant à une course de vitesse pour évangéliser
un maximum d'autochtones. Dans la pratique les catholiques ont surtout
évangélisé l'est des Tuamotu alors que les églises
réformées ont évangélisé l'ouest de
l'archipel, entre les deux on a un mélange, à Fakarava par
exemple on peut ainsi trouver 4 églises d'obédience différente.
L'église catholique de Nukutuvake
L'arrivée des missionnaires a évidemment considérablement
modifié le style de vie et l'économie propre des atolls ainsi
que leur physionomie. Ils ont ainsi implanté des cocoteraies
qui n'existaient pas à l'origine pour la culture du coprah qui vite
devenu la source d'économie principale et qui continue à
l'être encore pour beaucoup d'atolls des Tuamotu. On sait malheureusement
peu de choses sur la manière dont vivaient les anciens Paumotus
(les habitants de Tuamotu), les missionnaires s'étant acharné
à tout faire disparaîtres des anciennes coutumes. C'est aussi
au début du 19eme siècle qu'apparut le commerce de la nacre,
celui de la perle arrivant beaucoup plus tard.
Les Paumotus sont restés très pieux et très candides,
ce qu'on pourrait appeler de la naïveté, pour preuve le grave
incident de Faaité en 1987. Des métropolitains se réclamant
du "renouveau charismatique", une branche plus ou moins sectaire du catholicisme,
ont tenté une évangélisation. Ce qui a conduit
à semer le trouble parmi la population locale, à tel point
qu'une chasse aux sorcières a été lancée au
sein même de l'île, qui a conduit à la mort de 6 personnes
brulées sur un bucher !! Les gens du renouveau charismatique avaient
évidemment disparu suite aux évènements et n'ont jamais
été inquiétés, alors que la plupart de la population
masculine de l'ile s'est retrouvée en prison.
Economie
Du fait du peu de ressources naturelles, les Paumotus ont toujours vécu
chichement dans un grand dénuement. Le boom économique
s'est produit a l'installation du Centre Essai du Pacifique chargé
de mener les essais nucléaires français à Moruroa
(orthographié avec erreur Mururoa) et Fangataufa. Un investissement
financier collossal fut consenti pour permettre l'installation des
infrastructures nécessaires aux essais. C'est tous les Tuamotu et
la Polynésie qui en profitèrent et qui continuent à
en profiter à travers les fonds de reconversion. Un grand nombre
de Paumotus furent employés par le CEP, qui a créé
l'habitude du travail salarié et introduit les habitudes de consommation. A la
fin des essais un grand nombre d'anciens travailleurs ont préféré
rejoindre Tahiti que rentrer dans leur ile. Parallèlement à
l'aménagement de Moruroa, un certain nombre d'atoll bénéficièrent
directement de l'apport du CEP, notamment Hao qui fut une base arrière,
et qui possède toujours une piste aérienne sur laquelle même
le navette spatiale américaine peut se poser (la piste de Hao est
sur la liste des quelques pistes de secours dans le monde où peut
se poser une navette).
Actuellement, l'économie des Tuamotu repose essentiellement
sur le coprah, les atolls dotés d'un lagon suffisamment profond
se sont lancés dans la culture des fermes perlières (Fakarava,
Ahe, Makemo, ...). Le tourisme commence à se développer,
mais il reste assez marginale, seuls quelques atolls possèdent les
infrastructures nécessaires à l'accueil des touristes (hotel
ou pension de famille). La pêche est essentiellement pratiquée
pour la consommation propre des habitants des îles.
L'hotel de grand luxe Kia Ora à Rangiroa
Les atolls sont principalement approvisionnés par bateaux, appelés
goélettes, qui partent de Tahiti, et dans une moindre mesure par
avion quand ils disposent d'une piste. Les goelettes vont à quai
quand il y en a un, par contre en l'absence de quai, en cas de lagon fermé
par exemple, le bateau reste au large et le débarquement se fait
par balénière, une barque au forme bien arrondie et particulièrement
robuste qui permet de se poser sur le platier. En cas de forte mer,
la goélette peut rebrousser chemin sans avoir réussi à
débarquer la marchandise. L'arrivée d'une goélette
est toujours un évènement pour la population, c'est un des
moments qui lui permet de se rassembler.
La goélette Kura Ora III devant Taenga
Le système de distribution n'est pas très juste, la goélette
est chargée de nourritures à Tahiti, c'est le premier qui
achète qui est servi. En clair si la goélette vide sa
cargaison alimentaire dès les premiers atolls de sa tournée,
elle n'ira pas plus loin, et les atolls en bout de chaîne ne reçoivent
ainsi pas de ravitaillement pendant des mois ! Ces atolls, les plus à
l'est des tuamotu, en cas d'absence de ravitaillement se rabattent alors
pour se nourrir sur la noix de coco, la pêche, l'arbre à pain
(uru) et l'eau de pluie.
L'arrivée des goélettes est malheureusement bien souvent
l'objet de nombreux abus d'alcool dans la population.
Infrastucture et organisation
Sur chaque atoll les habitants sont généralement groupés
dans un village unique, qui se trouve près de la passe quand il
y en a une. La mairie est dotée de groupes électrogènes
fournissant l'électricité à toute la commune, certains
particuliers sont dotés eux mêmes de groupe électrogène
mais aussi de panneaux solaires. L'eau est une denrée rare dans
les Tuamotu, chaque maison dispose d'une ou plusieurs énormes cuves
pouvant contenir des milliers de litre d'eau, chaque pluie est ainsi
toujours bien accueillie.
Côté communication, le téléphone est en
court d'installation dans tous les atolls habités, cela va de la
cabine publique unique sur l'atoll au réseau téléphonique
qui arrive chez l'habitant. Sinon ceux-ci disposent de radio longue portée
leur permettant de dialoguer avec une station armée en permanence
à Tahiti. Beaucoup de maisons dans les atolls sont équipés
de paraboles leur permettant de recevoir les programmes internationaux,
pour les autres la mairie dispose d'une installation permettant de recevoir
les chaînes publiques RFO.
Les chemins ne sont généralement pas bitumés,
ils sont cependant carrossables par les rares voitures qu'on peut trouver
sur les atolls, leur nombre est fonction de la taille de l'atoll et des
motu. Sur beaucoup d'atoll, on dénombre qu'un ou deux véhicules
qui généralement appartiennent à la commune (au moins
un tracto pelle). Le principal moyen de locomotion des Paumotus restent
l'embarcation.
Chaque atoll dispose d'une école maternelle et primaire avec
des classes de plusieurs niveaux, seuls certains atolls (Makemo, Hao) sont
dotés de collèges. Beaucoup d'élèves se retournent
ainsi en internat sur d'autres atolls et à Tahiti ensuite s'ils
poursuivent des études. Dans ce cas peu d'entre eux reviennent dans
leur ile.
L'abri anti cyclonique de Nukutuvake
Chaque atoll est considéré comme une commune avec un maire
et des employés municipaux, certains atolls sont cependant regroupés
au sein d'une même commune. Dans ce cas les atolls associés
à l'atoll principal, où se trouve le maire, disposent d'un
maire délégué. Il n'existe pas de présence
permanente des forces de maintien de l'ordre, seul un garde municipale
appelé "motoï" est chargé de ce travail, au besoin les
gendarmes basés à Tahiti font des tournées dans les
îles.