Et moi, et moi, et moi...

Et moi, et moi et moi...

 


Les quinze premiers jours de mon séjour ont été quinze jours de pétole, le vent s'est ensuite bien levé, un alizé dans les 20-25 noeuds, faut dire qu'on était en pré-alerte cyclonique. J'en ai d'abord fait dans la baie de l'Orphelinat, le spot n'est pas génial, car y a pas mal de déventes de temps à autre, mais je profitais du matériel à un prix défiant toute concurrence. 

  J'utilisais une Bic tempo 265 avec une voile Gaatra 1x de 6m² (alors que dans le même temps on grée un peu moins de 5.5m² à l'anse Vata), au programme slalom sur eau plate avec la main dans l'eau comme dans les magazines, rien de mieux pour réviser les jibes. Avec 5, 6h de naviguation les jours d'alizé, sous le soleil, à la fin de la journée, j'étais cuit, au propre comme au figuré.
Lors d'une session j'ai eu la chance de tirer un bord avec un dauphin, au début j'ai eu la trouille de ma vie, en voyant une grosse masse sombre avec un aileron fendant la surface s'approchait à vive allure en travers de mon flotteur, quand il a sauté hors de l'eau à, à peine, un mètre de moi à tout casser, j'ai vite réalisé que c'était un dauphin, et je me suis senti tout de suite rassuré, j'ai voulu m'arrêter pour nager avec lui, mais il a déguerpi aussi sec. On est régulièrement doublé par des exocets (pas les missiles, mais les poissons...), il file à une telle allure que même au planing plein pot, on a l'impression de ramer péniblement. On m'a raconté (légende locale ?) qu'un jour lors d'une compet de planche olympique, un de ces poissons qui disposent d'une extrémité avant plutôt pointue, avait sauté et s'était planté dans le mollet d'une compétitrice qui coupait sa trajectoire...

Je louais une planche au Faré Plage Loisirs de l'Anse Vata, je sortais qu'avec un vent établi dans les 25 noeuds. 

  Je prenais un flotteur Manolo freeride 272 qui devait faire dans les 80l et pesait au moins 3kg de moins que ma Bic Saxo270, comme voile une Gun Sails RaceX avec 3 cambers de 5.5m². Le spot est superbe, on est au départ légèrement déventé puis ça part à donf ! 
Ce qui est formidable c'est qu'on rencontre rapidement une petite houle, qui offre très fréquemment des bons tremplins bien droits de 50cm à 1m, de quoi envoyer bien gras. J'ai trouvé le flotteur super pour ce genre de manoeuvre, en vitesse pure, c'est une vraie bombe !!!

Au bout de quelques minutes de navigation, on met pied à terre sur l'ilot aux canards, je n'ai pas vérifié s'il y en avait (des canards...), mais en tout cas il y a une petite plage de sable blond où vous pourrez vous reposer entre deux bords, voire prendre un jus au snack (si vous avez un porte monnaie étanche). Le spot est vraiment génial, il permet de tirer des bords assez loin, en relative sécurité puisqu'il y a du monde sur l'eau et des navettes fréquentes qui partent de la plage vers l'île aux canards, il permet aussi quelques petites envolées.

Le top c'est quand même de naviguer sans combinaison, c'est presque un plaisir de tomber dans l'eau tant elle est bonne. Le niveau est assez relevé, forcément c'est plus facile, d'apprendre toute l'année, sous le soleil, dans une eau à 28°. Le petit point noir du spot, en cas de vent, il est évidemment très fréquenté par les véliphanchistes, mais aussi par les baigneurs... en arrivant vers l'Anse Vata faut franchement lever le pied ou jiber à 50m du bord. Le deuxième point noir, qui est commun à tous les spots sous les tropiques, c'est les coraux, naviguer pieds nus, c'est le top, mais on s'expose à des sales blessures qui vous obligeront à rester hors de l'eau au moins une semaine.

J'ai taté aussi au spot de la côte de l'eau blanche, bizarrement le vent n'est pas orienté de la même manière qu'à l'Anse Vata au même moment. On part d'une petite plage en forme d'anse à l'ombre des cocotiers, on peut tirer des bords assez long, en revenant, on a la houle de face de trois quart à peu près, une houle assez hachée mais avec des creux d'un mètre à intervalle régulier, largement de quoi envoyer. Malheureusement, je n'avais pas le matériel à la hauteur du spot, je n'ai pu l'apprécier à sa juste valeur. Ce qui frappe le plus sur ce spot, dont la plage de départ se trouve dans l'enceinte de l'ACPV (Association Calédonienne de Planche à Voile), c'est la jeunesse des véliplanchistes, la moyenne d'âge est très inférieure à 20 ans, les plus jeunes ont pas plus de 8-10 ans et disposent de customs locaux adaptés à leur gabarit, le tout avec un gréement Neilpryde dernier cri ! Mais pas de frime ici, le niveau est très relevé, forward loop, back loop, 360°, table top, sont choses courantes ici... C'est à cet endroit que se trouve l'école de funboard qui prend les gamins dès leur plus jeune âge, c'est impressionnant de les voir, au moindre tremplin ils n'hésitent absolument pas à se jeter dans une rotation furieuse. C'est à se demander pourquoi la Nouvelle Calédonie ne fournit pas plus de champions.

Maintenant que j'ai gouté au custom, j'aurais vraiment beaucoup de mal à revenir sur ma lourde Bic Saxo 270. Avec un custom on ne monte pas sur un flotteur, on a vraiment l'impression de chausser des bonnes baskets dans lesquels on se sent bien, impression renforcée par les amortisseurs sous les pieds. La vitesse est vertigineuse et n'a absolument rien à avoir avec ma Saxo 270, par appréhension on est tenté au début d'ouvrir un petit peu pour lever du pied, mais quand un gars vous double, toute appréhension disparaît, on borde à donf pour laver l'affront... et là WHHAAOUFF c'est d'la balle!!! En plus d'offrir une vitesse digne d'une bonne planche de slalom, un custom freeride permet de vous lancer dans des sauts, avec ma Saxo j'ai besoin d'un bon tremplin avant de décoller franchement, avec la freeride de Manolo le moindre tremplin me propulse hors de l'eau, avec des bons tremplins c'est la mise en orbite, il est vrai qu'avec mes 56kg tout mouillé ça facilite les choses... En résumé, j'ai vraiment compris lors de ce séjour la différence entre une planche à 5000F (Bic pour ne pas citer) et une planche à 7500F (et plus).