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Il en
reste pas moins que théorie du chaos et suicide écologique ou
évolution sociétale moins brutale, le culte de l'homme oiseau
(Manutara) a remplacé le culte des Moaï. Une écriture se met en
place le Rongo-Rongo, sous forme de tablettes de bois sur
laquelles sont gravées des signes, on pense qu'elle a été inspirée
par le traité d'annexion que les espagnols menés par don Felipe
Gonzales ont fait signé aux Pascuans lors de leur passage en 1770.
C'est aussi à ce moment là que les pétroglyphes en hommage au
Manutara ou au dieu Make Make, créateur de l'univers, se sont
multipliés.
Pour en revenir à Tupac Yupanqui, les représentations
d'hommes-oiseaux
sont incontournables dans la culture inca, ce qui tend à
confirmer le passage des sud américains.
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Le soir du 5 avril 1722, le navigateur
hollanda Jacob Roggeveen découvrit l'Ile de Paques, et comme celui-ci
était fort peu inspiré ce jour là, il l'appella tout simplement PAASCH
EYLANDT (Ile de Pâques). Il écrit que l'île laissait une impression de
pauvreté extrème et d'une grande stérilité. Ils ne restèrent qu'une
journée, suffisante tout de même pour tuer 13 insulaires à la suite d'un
malentendu.
En 1770 ce sont deux navires espagnols commandés par don Felipe Gonzalez
y Haedo qui touchèrent l'île.
En 1774 c'est le célèbre explorateur James Cook qui est de passage, il
découvrit de nombreuses plateformes abattues, ainsi qu'une population
exangue.
En 1786 La Pérouse fit une halte rapide, devant la pauvreté de la
population, il tenta d'implanter un élevage de porcs de chèvres et de
moutons et en semant quelques graines, mais cette expérience échoua,
tous les animaux furent rapidement mangés par la population.
Au XIXème les choses se gatèrent, en 1808 une goélette américaine, le
"Nancy", fit relâche pour chercher de la main d'oeuvre pour la mise en
place d'un poste de chasse aux phoques dans l'archipel de Juan Fernandez
au large du Chili. Une vingtaine d'insulaires furent embarquées de
force, ils se jetèrent à la mer au bout de trois jours de voyage, le
commandant du bateau fit demi-tour sans chercher à les récupérer pour
aller chercher d'autres personnes. Ils ne purent cependant débarquer
devant l'hostilité de la population.
Vint ensuite en 1816 un bateau russe qui parvint à débarquer, mais les
marins n'insistèrent pas devant l'accueil franchement hostile des
insulaires, le commandant voulant éviter la confrontation.
1862 est une année noire pour l'Ile de Pâques et tout son peuple, sept
bateaux péruviens firent relâche, ils étaient venus pour chercher des
esclaves pour les iles de guano au large du Pérou. Les insulaires qui ne
furent pas tués furent capturés, décimant une grande partie de la
population.
Cet évènement ne passa pas inaperçu, notamment des autorités françaises
à Tahiti, l'évèque de Tahiti exigea le retour de la population de l'Ile
de Paques dans son île. A ce moment là, il ne restait plus qu'une
centaine d'habitants, dans le trajet beacoup moururent, si bien que
seulement quinze habitants revinrent effectivement sur l'île. Ces
derniers porteurs de maladies contribuèrent encore à faire baisser le
nombre d'habitants. En 1868 un français s'installe sur l'île et asservit
les survivants, un grand nombre d'habitants s'exilent en Polynésie
Française. La vieille civilisation de l'île de Paques est morte à ce
moment là, en 1877 le nombre d'habitants s'est réduit à 111.
C'est donc bien les esclavagistes au XIXeme siècle qui ont réduit à
néant la population pascuanne, elle ne s'est pas auto détruit comme on
l'a longtemps pensé dans le cadre d'un suicide collectif et écologique.
Tous les Moaï sont au sol, les tablettes d'écriture sont
systématiquement brulées par les missionnaires (il en reste plus que 25
à l'heure actuelle), les grands prêtres porteurs de la tradition et
capables de lire l'écriture Rongo-Rongo sont morts.
Plateforme abattue de Vinapu
Le Chili annexe l'île en 1888, l'île
est louée en 1897 à une compagnie britannique pour l'élevage des
moutons, le reste de la population est parqué dans le village de Hanga
Roa qui est entouré de barbelés. L'île sert aussi de lieu de déportation
pour les chiliens. Cette situation n'évoluera pas jusqu'au début des
années 60 (les britanniques partent en 1952). Ce n'est que durant les
années 60 que les choses s'améliorent, ce n'est qu'en 1966 que les
pascuans deviennent citoyens chiliens ! En 1967 la construction d'un
aéroport international contribue grandement au désenclavement de l'île
et à son développement rapide.
Aujourd'hui les pascuans se réapproprient leur culture, cependant comme
une grande partie de la tradition a été purement et simplement perdue,
ils s'inspirent beaucoup de la culture Polynésie Française notamment
pour ce qui est de la langue et de la musique. D'ailleurs on s'est
beaucoup servi des mots de la langue polynésienne pour traduire des mots
pascuans très proches de la tradition déformant probablement
complètement le sens initial de certaines expressions. Ainsi le terme
"Te pito o te henua", qui d'après la tradition orale est le premier nom
de l'ïle de Paques, a été traduit par "nombril du monde", mais c'est une
traduction en polynésien, en pascuan d'origine cela peut très bien
désigner tout à fait quelque chose d'autres, mais ça on le saura
probablement jamais. Il en est ainsi pour beaucoup d'expression
traduites (longues et courtes oreilles, ...).
Aujourd'hui la population de l'île est de 3000 habitants, les deux tiers
sont chiliens (essentiellement des fonctionnaires et leur famille en
poste), le tiers est un mixte de pascuan d'origine et de chilien, on
compte seulement une trentaine de personnes qui sont d'authentiques
pascuans de souche.
On dénombre pas moins de 25000 sites archéologiques sur l'île, à peine
1/5 ont été explorés sérieusement, on en connait un peu plus sur
l'histoire de l'île grâce aux travaux notamment de Giuseppe Orefici,
Steven Fischer ou bien encore de Catherine et Michel Orliac et
maintenant de Nicolas Cauwe cité plus haut.