Rurutu

Rurutu est une ile de l'archipel des Australes placé au sud de Tahiti. Elle est connue pour ses baleines à bosse qui viennent mettre bas. Les baleines partent du grand sud et arrivent  autour du mois de juillet, elles mettent bas autour de septembre et repartent en octobre. Les baleines à bosse étaient par le passé chassées par les habitants des australes, la dernière chasse remonte à 1957 !



Ces baleines ne restent pas cantonnés à Rurutu, on peut les voir dans tous l'archipel des Australes mais aussi Tahiti, durant cette période elle fréquentent assidumment le canal séparant Tahiti de Moorea. Lors de plongées dans ces iles, on peut les entendre chanter à des kilomètres à la ronde.


L'observation des baleines est strictement réglementée, cela dit les clubs de plongée vont à la rencontre des baleines quand elles sont dans leur champ d'action pour une séance de palme masque tuba. La probabilité de pouvoir nager avec reste quand même faible, en deux ans de plongée sur Tahiti, je n'ai malheureusement pas eu l'occasion de les voir de près bien qu'on les entendait en plongée.
A Rurutu seule le Raie Manta Club est habilitée par les affaires maritimes, le club s'implante sur l'île uniquement pour la saison des baleines, l'échelon est dirigé par Eric Leborgne. Les plongées sont ouvertes quasiment à tous puisque tout se fait en palme masque tuba, les baleines n'appréciant pas les bulles et ça permet de garder une distance par rapport à elles. Mes deux enfants de 10 et 8 ans ont ainsi pu participer.
 A gauche, le 4*4 du Raie Manta Club sur l'embarcadère  d'Avera, à droite Eric Leborgne.
Le club propose des sorties à la demi journée ou à la journée, il utilise deux embarcations locales de pécheurs (potimarara à droite) qui vont faire le tour de l'île jusqu'à tomber sur des baleines. On est à peu près sûr de pouvoir observer des baleines, par contre il n'est pas garanti de pouvoir se mettre à l'eau, tout dépend évidemment de l'état de la mer, il faut savoir qu'à cet époque un vent violent du sud (maramu) souffle régulièrement .
Fort heureusement les baleines se trouvent souvent à la sortie du petit port d'Avera protégé des vents dominants.
Les affaires maritimes ont édicté des règles précises pour l'observation des baleines, ainsi par bateau, on n'est que 6 ou 7. Par le passé ce nombre pouvait doubler !


Dès la sortie du port, en quittant le lagon, tout le monde se met aux aguets et scrute l'océan à la recherche des formes bien caractéristiques de ces gentils géants. Pour notre par, dès la sortie du port, on est tombés sur deux baleines, une baleine femelle, probablement enceinte et un jeune male qui était quasiment aussi gros qu'elle.
Les fonds à la sortie du lagon étaient peu profonds dans les 15m, les baleines allaient se poser sur le fond, y rester un bon quart d'heure, remontaient à la surface, parcouraient tranquillement quelques centaines de mètres et replongeaient pour se reposer sur le fond et ainsi de suite. C'est au moment où elles se posaient sur le fond que tout le monde se mettait à l'eau.
On pouvait donc les observer à loisir quand elles étaient posées sur le fond. A ce moment là on avait pour consigne de ne pas chercher à les rejoindre en apnée car ça les faisait fuir à coup sûr. Le moment le plus impressionnant est assurémment quand elle commence à amorcer leur remontée, à ce moment vous voyez cette masse énorme se rapprochait de vous et là on se dit qu'on est vraiment tout petit à côté et qu'on a tout intérêt à dégager vite fait pour pas se prendre un coup d'aileron ou de queue. Mais il n'y a pas de risque de ce côté, elles ont l'oeil et savent garder leur distance. On n'a pas vraiment l'impression de les déranger.
Quand les baleines sont en surface, tout le monde revient à bord et on les accompagne à distance, on se remet à l'eau quand elles amorcent leur descente.
L'eau est nettement plus fraîche qu'à Tahiti, un shorty est obligatoire, en fait une 5/3mm serait l'idéal, car quand le soleil vient à disparaître, il fait vraiment pas chaud. Au bout d'une heure dans l'eau tout le monde est frigorifié avec les lèvres bien bleues, seuls les plus motivés vont encore à l'eau, je faisais parti de ceux là, à près tout ce n'est pas tous les jours qu'on nage avec des baleines à bosse.
Quand on ne tombe pas tout de suite sur les baleines les bateaux font le tour de l'île. Sachant qu'il n'y a pas de lagon (ou presque pas), ce n'est que de la navigation en haute mer, avoir le pied marin est donc un plus !


Evidemment ce jour là, mon appareil photo sous marin s'est bloqué, heureusement que j'avais prévu la chose et j'avais un appareil photo jetable. Les photos ne sont pas de grande qualité, ces trois photos sont les meilleures parmi une vingtaines.
Sur celle de gauche la baleine en phase de remontée m'a vu et tourne pour m'éviter.
La photo à droite a été prise juste après celle du haut, la baleine passe maintenant à à peine quelques mètres de moi-même, impossible de la cadrer entièrement tellement c'est énorme !! Il faut savoir que la baleine à bosse peut atteindre une longueur de 18m pour un poids max de 5 tonnes. A ce moment là le coeur bat la chamade, difficile de restituer les sensations qu'on peut éprouver. C'est vraiment un grand moment, un moment unique.

Une fois la surface atteinte elles mettent le turbo et s'éloignent rapidement, on peut ainsi les observer sur un tout autre angle.
Elles ne sont pas toujours aussi tranquilles, parfois en précence d'une femelle, quelques males s'excitent et il vaut mieux garder ses distances, ils peuvent aller jusqu'à tuer le bébé pour pouvoir à nouveau "reconquérir" la femelle.
C'est la fin de la sortie, on commence à rentrer et  comme pour nous saluer, elles replongent à nouveau en nous montrant leurs queues.
Pour la petite histoire il y a encore quelques années, les pécheurs locaux pour trois fois rien amenaient les touristes à la rencontre des baleines, avec les pensions ils se sont plaint auprès des affaires maritimes que le Raie Manta Club leur faisait une concurrence déloyale (forcément c'est le Raie Manta Club qui a fait connaitre Rurutu et qui a fait le plus pour attirer les touristes, c'est un juste retour). Résultat des comptes, les affaires maritimes ont fait le ménage et maintenant avec toutes les règles de sécurité, seule une structure professionnelle peut assurer ce service. En clair Raie Manta Club a le monopole sur l'île, il n'est plus possible de passer par un pécheur local, et ce monopole le club le fait payer au prix fort, 10000FCFP la demi-journée (83 euros !).

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